Extrait du journal intime de Claire.

Publié le par Seconde D 2011

Mardi 24 février.

 

Maman et moi avons encore parlé aujourd'hui. Sans cesse tournant autour de sujets coincés et pudiques. Elle fait ce sourire où l'on peut légèrement percevoir ses petites dents blanches, mais je sais qu'elle fait semblant. Je sais qu'elle en sait plus de ce qu'elle me dit. Mais pourquoi suis je obligée de vivre dans le secret putain ? Pourquoi tu es parti Loic ? Pourquoi tu m'envoies des lettres sans aucun sujet de ton départ, sans aucunes excuses, ni promesses de ton retour.

Et maman, maman. Avec ses questions qui ne cessent jamais : "Pourquoi tu as arrêté tes études ? Pourquoi tu ne les reprends pas Lili ? Et le Shopi tu comptes y rester encore combien de temps ?". Merde.

Je m'en fous Maman, je m'en fous qu'il aurait fallu que je continue la fac car tu me jugeais bonne à l'école pour approfondir sur des foutues équations de droites. Je m'en fous de tout ça. Je m'en fous de savoir ce que l'on va manger ce soir, si ce sera des pâtes ou du riz, un steak, des lasagnes ou du jambon. Je m'en fous de savoir que le paquet de Dragibus coute 1euros 35 et qu'une vieille a gueulé car une boite de crème fraiche était tombé dans le rayon ce matin, et que l'on avait toujours pas nettoyé. Je m'en fous de tout ça Maman. Parce que la seule chose que j'ai dans la tête Maman, la seule chose qui me hante Maman, la seule chose pour laquelle je vis, c'est Loic.

 

Mercredi 25 frévrier.

 

Je viens de me réveiller. J'ai mal dormi. Je bougerais pas aujourd'hui, congé. Au final, ça change rien. Que je sois ici ou ailleurs. Rien n'a d'intêret tant que tu n'es pas à mes côtés. J'ai pensé à toi dans le froid de mes draps hier soir, à tous ces moments qu'on a pu vivre. Mes écouteurs, et tes compositions en tête. Avec ta voie qui résonne et fait vibrer mon coeur pourtant devenue pierre. J'ai mal. J'ai pleuré, les larmes ont coulés le long de mes joues pour finir sur ma bouche que j'ai fini par ravaler, avec une envie de revomir ensuite car même une misérable goutte d'eau ne passe pas. Je ne peux pas penser à toi, sans que mon corps tremble, sans que je ressente l'impression d'étouffer. Je hurle à l'intérieur, ça brule. Mais personne ne m'entend. Je ne peux pas vivre sans toi. J'ai passé toutes les journées de ma vie, à respirer pour toi. Tu as pu me faire pleurer comme rire, me faire t'aimer plus que ma propre vie. 

Peut-être que tu m'as condamné à ne plus jamais pouvoir aimer quelqu'un d'autre que toi. A vrai dire je ne t'en veux pas. J'ai comme une impression de me sentir robotisée, sans le moindre sentiment. J'aimerais tellement briser cette carapace pour vivre quelque chose de nouveau, mais tu restes présent. Je lui aurais donné mon sourire et j'aurais pleuré, je lui aurais donné mon sommeil et je serais morte, usée par la fatigue. Je lui aurais donné mes larmes, toute ces larmes de mon misérable corps simplement pour lui montrer combien il comptait pour moi. Je lui aurais donné mon coeur, encore battant de cet amour. Je lui aurais tout donné, tout ; même ma vie.

Elvina, Lucie & Renan.
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